Gouvernance Climatique au Sénégal

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La Série Gouvernance Climatique du CAT vise à produire un cadre pratique pour évaluer l'état de préparation d'un gouvernement - tant du point de vue institutionnel que de la gouvernance - pour accélérer la politique climatique et mettre en œuvre des politiques de transformation adéquates sur le terrain, afin de permettre la transformation nécessaire de l'économie vers une société neutre en émissions de gaz à effet de serre.

Notre méthodologie

Nous avons mis en place un cadre qui évalue et note un certain nombre d'indicateurs, où nous notons divers aspects de la gouvernance. Cela nous permet d'établir une base commune sur laquelle nous pouvons comparer la gouvernance climatique entre les pays, ainsi que d'identifier les domaines à améliorer et de souligner les évolutions positives. Nous avons appliqué ce cadre uniquement au niveau national .

Pour plus de détails sur notre méthodologie, voir ici : page méthodologie.

Évaluation de l'état de préparation au niveau national

Le gouvernement du Sénégal s’est engagé à développer ses gisements de pétrole et de gaz naturel. Le Président Macky Sall s'est ouvertement opposé aux efforts internationaux visant à limiter le financement du développement des énergies fossiles. Si le gouvernement considère l'adaptation et la résilience face aux impacts des changements climatiques, notamment dans le secteur agricole, comme la priorité, il accorde peu d'attention à la nécessité de décarboniser son économie.

Le Sénégal progresse dans la mise en œuvre de sa politique climatique. Le gouvernement a fait des efforts dans le déploiement des énergies renouvelables et le développement des transports publics. Il a également abandonné ses projets de production de l'électricité à partir du charbon, mais poursuit sa stratégie de conversion du gaz en électricité visant à faire passer sa production d'électricité du pétrole lourd au gaz fossile. On ignore si le Président Sall se représentera aux élections en 2024. Toutefois, il est peu probable qu'un changement de gouvernement entraîne des modifications importantes de la politique climatique ou des plans de développement du gaz fossile.

Le gouvernement a fait quelques efforts pour lutter contre la corruption. Toutefois, ces efforts n’ont pas poursuivi leur cours et, ces dernières années, ils semblent s’être inversés. Il existe des allégations de corruption concernant certains marchés pétroliers et gaziers du Sénégal et dans le secteur forestier. Cet état de corruption constitue un facteur qui pourrait compromettre la confiance des citoyens dans la capacité du gouvernement à tenir ses promesses concernant les actions liées à la transition.

Le Comité National sur le Changement Climatique (COMNACC) coordonne l'action climatique au Sénégal. Alors que le COMNACC semble assurer une large coordination entre les acteurs concernés par les actions climatiques au niveau national, il est discutable d’évaluer dans quelle mesure il assure une coordination interministérielle ciblée entre les ministères sectoriels, étant donné que le Comité est ouvert à une large participation de parties prenantes. Le Sénégal ne dispose pas d'une entité interministérielle dédiée à l'action climatique liée à la transition.

En raison du manque de coordination efficace de l'action climatique, la nécessité d'une transition vers une société à zéro émission n'a pas été intégrée dans les politiques sectorielles. Bien que l'on puisse trouver des références à la CDN du Sénégal ou à d'autres mesures d'atténuation dans certaines politiques sectorielles, il y a un manque de stratégies englobant toutes les questions liées à la transition dans un secteur donné. Les actions sont fragmentées entre et au sein des ministères.

Le Sénégal ne dispose pas d'un organisme faisant autorité et doté d'un mandat explicite et clair pour fournir des conseils au gouvernement en matière de climat ou de transition énergétique, bien que certaines agences fournissent des appui-conseil au gouvernement sur des questions liées à l'atténuation et puissent être capables de jouer un tel rôle.

Le Sénégal a un bon niveau de préparation au financement climatique dans certains domaines, comme la mobilisation du financement climatique international. Cependant, d'autres domaines, comme l'intégration des considérations climatiques dans ses processus budgétaires nationaux, nécessitent d’importantes améliorations. Plus largement, les contraintes de ressources constituent un problème et limitent la capacité d'action des acteurs institutionnels clés.

Le Sénégal ne dispose pas d'une législation complète sur le changement climatique, bien qu'il ait certaines législations sectorielles pertinentes sur le climat. Le pays n'a pas adopté d'objectif visant la neutralité carbone et certains de ses plans actuels, comme le passage au gaz fossile dans son secteur de l'électricité, sont incompatibles avec la voie de limitation de la température de la planète à 1,5°C. Le gouvernement a commencé à préparer sa stratégie de développement à long terme à faible intensité de carbone en mars 2022. Il est possible d’espérer que ce plan à long terme aidera le pays à mieux aligner ses efforts d'atténuation à court terme sur une voie de décarbonisation.

Le gouvernement du Sénégal est en train de développer un cadre de transparence. Un projet de l'Initiative pour la Transparence de l'Action Climatique (ICAT) a conduit à la proposition d'un système national MRV et à la préparation d'une feuille de route pour sa mise en œuvre. Le Sénégal ne disposepas d'un mécanisme formel d'examen ou d’augmentation pour évaluer et renforcer l'action climatique. Cependant, il dispose de certaines fonctions de suivi et d'évaluation dans le cadre de son processus de planification plus large, à la fois au sein du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) et au sein du gouvernement en général.

La recherche d'une large adhésion aux politiques et projets liés à la transition du Sénégal est limitée. La consultation des parties prenantes a lieu régulièrement, mais son efficacité est sujette à caution. L'opinion publique n'est pas souvent prise en compte dans l'élaboration des politiques, et certains projets de combustibles fossiles, comme la centrale au charbon controversée de Sendou, sont mis en œuvre malgré une forte opposition de la population.

Les plans d'expansion du gaz fossile au Sénégal sont incompatibles avec une transition juste et risquent de conduire à des investissements perdus et à des niveaux élevés de chômage. Le secteur pétrolier et gazier a probablement une influence importante sur le gouvernement, tandis que l'impact du secteur des énergies renouvelables, qui en est encore à ses débuts, est probablement limité. Le Sénégal travaille à l'élaboration d'une feuille de route pour une transition juste, dans le cadre de l'Initiative d’Action climatique pour l'Emploi.

Les données des sondages suggèrent que le public soutient dans une certaine mesure la réduction des émissions, mais que la connaissance générale sur les questions liées au climat est faible. Bien que le gouvernement travaille sur une stratégie visant à intégrer le changement climatique dans les curricula, cette stratégie est uniquement axée sur l'adaptation.

Notre système de notation

Nous analysons un certain nombre de critères différents de gouvernance sous quatre catégories qui couvrent les facteurs clés permettant une action climatique efficace. Nous attribuons à chacun une note comme indiqué ci-dessus (très faible - pauvre - neutre - acceptable - avancé). Pour plus de détails sur notre méthodologie, cliquez sur le lien ci-dessous.

Notations et recommandations

La section suivante présente les résultats de l'analyse pour chaque catégorie et critère d'évaluation de la gouvernance climatique, ainsi que des recommandations pour le renforcement du processus de transition vers une société neutre en carbone au Sénégal.

  • Renforcer l'engagement des responsables gouvernementaux de tous les ministères concernés en faveur de la transition, et notamment de la nécessité d'accélérer l'adoption des énergies renouvelables ;
  • Veiller à ce que tous les ministères concernés soient mandatés pour mener des actions liées à la transition vers la neutralité carbone.
  • Renforcer la coordination entre les ministères de tutelle et entre le gouvernement central et les autorités locales afin d'assurer un engagement interministériel suffisant ;
  • Renforcer le Comité National sur le Changement Climatique (COMNACC) en remédiant à ses contraintes opérationnelles persistantes ;
  • Créer une nouvelle entité, ou mandater une entité existante, pour fournir au gouvernement des conseils en matière de transition ;
  • Renforcer les efforts visant à intégrer la nécessité de la décarbonisation dans les politiques sectorielles ;
  • Poursuivre les efforts pour améliorer l'accès des entités gouvernementales et des acteurs non étatiques au financement climatique ;
  • Augmenter l'allocation budgétaire du MEDD et mettre en œuvre un programme à long terme pour renforcer les capacités du ministère ;
  • Établir un mécanisme formel de marquage du budget lié au climat pour le ministère des finances afin de soutenir l'intégration systématique des actions climatiques orientées vers la transition dans le budget national.
  • Adopter un objectif à long terme de zéro émission nette, assorti d'objectifs et de jalons clairs à l'échelle de l'économie nationale et sectorielle ;
  • Poursuivre les efforts visant à élaborer une stratégie de développement à long terme à faible intensité de carbone ;
  • Mettre en place un mécanisme formel pour intégrer les objectifs à long terme de la transition vers la neutralité carbone dans la conception et la mise en œuvre des politiques sectorielles à court terme ;
  • Adopter une loi globale sur le changement climatique ou réviser le code de l'environnement pour y inclure des dispositions claires sur les objectifs de réduction des émissions ;
  • Poursuivre les efforts visant à établir et à renforcer le cadre de transparence du pays, notamment en améliorant l'accès aux informations en ligne ;
  • Mettre en place un mécanisme formel d'augmentation pour intensifier l'action climatique conformément au cycle quinquennal de l'Accord de Paris.
  • Renforcer les efforts de sensibilisation et d'information du public en matière d'atténuation du climat ;
  • Inclure l'atténuation du changement climatique dans la stratégie d'éducation du gouvernement ;
  • Améliorer les mécanismes existants de consultation des parties prenantes afin de garantir une participation et une adhésion adéquates du public ;
  • Renforcer les efforts visant à assurer une transition juste pour tous en adoptant une stratégie globale et en s'attaquant aux problèmes de ceux qui sont affectés par les besoins de la transition.

La gouvernance climatique du Sénégal

Ces tableaux tirés du rapport donnent un aperçu et une analyse des facteurs clés de la gouvernance du Sénégal pour permettre une action climatique efficace. Nous avons examiné les institutions clés, plans et stratégies clés, cibles et législations du pays.

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